Il y a quelques semaines, l’équipe du HUB612 et une poignée de startups accompagnées par le HUB612 participaient au Startup Golf Cup au Golfe du Gouverneur à quelques kilomètres de Lyon. Lors de cet événement clé de l'écosystème entrepreneurial régional, nous étions invités à prendre la parole lors d’une table ronde sur le sujet de la gouvernance d’entreprise et plus précisément de son ouverture. Comment ouvrir le capital de sa startup lors d’une levée de fonds et garder le contrôle ? Au-delà de l'intérêt financier, quels sont les autres avantages d’une ouverture de capital ?
HUB612 accompagne chaque jour des entrepreneurs confrontés à ces questions. Nous répondrons donc ici à travers le prisme de nos valeurs : celles de la confiance, de la création de valeur ajoutée partagée et de synergies positives. Pour nous, les choses sont claires : “Ouvrir sa gouvernance, ce n’est pas perdre le pouvoir ; c'est s'ouvrir l'esprit et s'enrichir de l'expertise des autres”. Nous expliquons ici pourquoi nous poussons les startups à ouvrir leur gouvernance d'entreprise et comment nous les accompagnons au mieux dans ce moment charnière de la vie de leur entreprise.
La gouvernance d'entreprise évoque le système déployé dans l'objectif de diriger et de contrôler l'entreprise de la manière la plus optimale possible. Les personnes membres de la gouvernance surveillent les actions stratégiques menées et définissent la bonne utilisation des moyens pour un niveau de performance attendu.
Au fil du développement de sa startup, un dirigeant est amené à ouvrir sa gouvernance à différents types de personnes : mentor, structure d'accompagnement, board stratégique, investisseurs, etc. Certaines startups se font même accompagner par plusieurs structures. C’est notamment le cas des fintech Finkey accompagnée par Platform 58 et Le HUB612 ou encore Swikly accompagnée par Station F et Le HUB612. A chaque étape, chacun apporte quelque chose de différent à l'entreprise. Pour Clément Parramon, VC Analyst au HUB612, “il est normal de faire évoluer l'entourage de la startup au fur et à mesure que ses besoins évoluent.”
Quelques soient les personnes qui intègrent la gouvernance de l’entreprise, l’ouverture repose sur un point fondamental. Toujours le même : la confiance. La confiance réciproque entre l’entrepreneur et les parties prenantes est en effet la clef du succès.
Généralement lorsqu’un entrepreneur dit qu’il “ouvre son board”, il sous-entend qu’il fait entrer des actionnaires dans son capital. Les investisseurs récupèrent alors des actions qui leur donnent un droit de vote lors du conseil stratégique et/ou l'assemblée générale.
Avant même de lever des fonds, il est possible de créer une instance composée d'experts qui se réunissent régulièrement pour aider l'entrepreneur dans ses choix stratégiques. Il s'agit des advisory boards. Ces advisory boards servent souvent à préparer les levées de fonds : définir les bons KPIs, structurer l’offre, etc. Les personnes qui en font partie le font généralement de façon pro bono. A noter qu'après une levée de fonds, certains entrepreneurs gardent un shadow board afin d'être conseillé par des personnes non liées au capital.
Au début, ouvrir sa gouvernance peut être perçu comme une contrainte car cela émane souvent d’un besoin d'argent. “Face à la problématique du financement, les fondateurs de startups sont tiraillés entre la nécessité d’ouvrir le capital de leur structure à des investisseurs et la peur de se voir dépossédés de leur pouvoir de décision” explique Cédric Nieutin, le directeur du HUB612. Mais la valeur ajoutée est bien plus grande que cela. Cela va bien au-delà d’une perte de contrôle. Voici les avantages à ouvrir sa gouvernance :
Il est important de bien constituer sa gouvernance. Le choix des investisseurs est crucial. Il est essentiel de s’entourer de personnes qui possèdent des compétences stratégiques mais qui ont surtout l’envie de s’engager et le temps pour s’impliquer. Une fois constituée, il reste à bien animer cette gouvernance.
“Au HUB612, nous sommes convaincus que les startups ont intérêt à ouvrir leur gouvernance”, détaille le directeur du HUB612. “Des advisory board sont mis en place pour challenger les équipes et les aider à piloter leurs décisions en vue d'une levée de fonds. C’est une brique centrale de notre offre d’accompagnement” complète-t-il.
S'entourer de conseillers c'est une chose, s'entourer de forces vives talentueuses en est une autre. Hélas, les startups en phase d'amorçage n'ont pas forcément les moyens financiers ni une marque employeur assez puissante pour attirer, embaucher et fidéliser les talents. Elles proposent alors un intéressement long terme aux salariés qui rejoignent l'aventure le plus tôt :
- soit du capital, en leur proposant des BSPCE.
- soit des titres financiers alternatifs qui n'ouvrent pas le capital, mais qui récompensent en cash les employés.
Le choix d'une de ces deux solutions peut avoir un impact sur la gouvernance long terme, mais a le même effet d'attractivité pour les pépites qui rejoignent la startup.
Le HUB612 entretient des liens étroits avec les équipes de La Caisse d’Epargne Rhône Alpes. “Notre rôle, en tant que cellule d’innovation de La Caisse d’Epargne Rhône Alpes est aussi de faire évoluer les gouvernances vieillissantes des grandes institutions” raconte Cédric Nieutin, soulignant les limites de l’approche pyramidale et l’inspiration soufflée par les modes d’organisation agiles et ouvertes des startups.
Bien sûr, il est difficile pour les cadres dirigeants de changer leur culture lorsqu’ils ont des processus ancrés depuis des années. Envisager de se tourner directement vers le modèle d’entreprise libérée serait exagéré. D’autant plus, qu’avant de changer, les managers veulent avoir la preuve que ce type de révolutions de gouvernance apportent des résultats concrets au sein des grands groupes. Il peut alors être intéressant de se diriger vers des solutions intermédiaires pour faire un premier pas. “Les shadow comex permettent aux grands groupes de construire un comité exécutif qui ouvre l'esprit des dirigeants en créant une antichambre du comex” témoigne le directeur du HUB612. “Cela permet de penser les stratégies d'entreprises avec des regards différents, en s'inspirant de la vision des collaborateurs", poursuit-il.