Une tribune de Samuel Durand, expert du Future Of Work, Consultant, auteur du "Billet du Futur"; auteur et réalisateur du documentaire thématique "Work in Progress"
Si le terme de Future of Work est sur toutes les lèvres depuis quelques années, difficile de lui attribuer une origine précise. L’intérêt croissant pour le Future of Work tient à une combinaison de facteurs. Avant d’en développer les principaux, attardons-nous sur sa définition.
De retour d’une learning expedition pour tenter d’en saisir les contours, je l’ai défini ainsi dans une tribune pour Maddyness :
“Nous utilisons l’expression Future of Work pour qualifier les bonnes pratiques, les méthodes, le quotidien et les tendances d’une minorité d’individus qui sont en avance sur leur temps et qui permettent d’améliorer à la fois la performance et la qualité de vie au travail. Le Future Of Work est déjà une réalité pour certaines personnes et nous parlerons de leur travail au futur jusqu’à ce que celui-ci soit généralisé à une majorité d’individu.”
Si nous nous intéressons tant au travail de demain, c’est peut-être parce que le travail d’hier et d’aujourd’hui ne satisfait pas pleinement la majorité d’entre-nous. Nous nous tournons alors vers celles et ceux qui sont à son l’avant-garde.
Au fondement du Future of Work se trouve la technologie, pas pour ce qu’elle est mais pour ce qu’elle permet. Le progrès technologique des dernières années a donné lieu à la création de nouveaux usages dans le travail, et ce sont ces derniers qui bouleversent nos organisations, notre rapport au travail et participent à cette dynamique du Future of Work.
Aujourd’hui le télétravail n’a plus rien de futuriste, il est solidement ancré dans notre quotidien, mais il y a quelques années il n’était réservé qu’à une poignée de travailleurs, et nous pouvions dire que le télétravail faisait partie du Future of Work. Ce qui a permis son émergence c’est d’abord internet, la possibilité de collaborer à distance et de ne plus être dans la même pièce pour échanger, ce qui a ensuite été facilité par le cloud.
A partir du moment où le cloud se développe, il n’y a qu’un pas pour démocratiser les logiciels de gestion de projets, les documents partagés et populariser un management fondé sur la confiance et l’atteinte d’objectifs. Une innovation qui concerne au départ la technologie devient ensuite moteur de changements au sein des organisations en créant de nouveaux rapports de hiérarchies, de nouvelles façons de piloter des projets, et de nouvelles façons de recruter, c’est tout un pan des ressources humaines qui se transforme. Dans la même veine, c’est aussi grâce à ces progrès technologiques que nous pouvons envisager le nomadisme digital, ce pan du Future of Work qui consiste à complètement revoir son rapport au lieu de travail.
C’est le même procédé qui est en œuvre avec le développement des plateformes. En créant des places de marché en ligne dans lesquelles peuvent se rencontrer des entreprises et des talents, c’est la notion de salariat et de subordination qui est remise en cause pour ouvrir la porte à la collaboration avec des talents partout dans le monde. Si les premières plateformes sont arrivées dans les années 2000 ce n’est que depuis quatre-cinq ans qu’elles sont font véritablement partie du paysage du recrutement, les grands groupes les ayant intégrées dans leur fonctionnement sur le long terme et pas seulement comme une solution d’appoint.
Le changement devient alors managérial puisqu’il s’agit d’apprendre à créer des équipes hybrides et à collaborer plus qu’à diriger. C’est même un sujet de société puisque l’essor du statut d’indépendant demande à revoir les mécanismes de protection sociale sous-jacents pour cette catégorie de travailleurs en croissance.
Toujours grâces aux plateformes, sur d’autres sujets, de nouveaux métiers sont créés. Si YouTuber, influenceurs, formateurs ou auteurs de newsletters sont devenus des métiers, c’est parce que la technologie a permis à tous ces créateurs d’accéder directement à leur audience sans avoir à passer par des médias traditionnels, leur offrant la possibilité de vivre de leur passion librement.
Ils sont de plus en plus nombreux à quitter une voie traditionnelle pour vivre de leur contenu en ligne, peu importe la niche sur laquelle ils se positionnent, internet et les plateformes permettent de rencontrer son audience, où qu’elle soit.
Les origines du Future of Work sont aussi à chercher dans les envies de faire progresser la connaissance, la qualité de vie au travail et la performance. Dès lors qu’une entreprise est pionnière sur une pratique en particulier, elle s’empresse généralement de communiquer largement sur les leçons à en tirer. Elle partage les bonnes pratiques à travers différents contenus : podcasts, newsletters, documentaires, blogs…
Ce faisant, elle contribue à diffuser des bonnes pratiques considérées comme le Future of Work pour beaucoup qui deviennent ensuite le Present of Work une fois qu’une majorité d’organisations les ont intégrées. Tout projet de transformation démarre par une phase d’inspiration et le contenu à disposition est quasi infini et gratuit. Plutôt que de partir d’une feuille blanche, une entreprise qui souhaite intégrer de nouvelles pratiques dans son fonctionnement va commencer par regarder ce qu’on fait d’autres avant elles. Ce partage des apprentissages contribue à accélérer le développement du Future of Work.
Le Future of Work étant à la fois composé d’outils, de façons d’envisager le travail, de modes d’organisations, ses origines sont multiples, mais les deux facteurs clés contribuant à son développement sont la technologie et le partage des avancées.