Il paraît que la perte de sens au travail est le mal du siècle. Vous me croyez si je vous dis que c’est justement mon travail qui donne, à mes yeux, du sens dans ce monde qui tourne à l’envers ? Vous me trouvez prétentieuse si je vous dis que j’ai trouvé un parfait équilibre grâce au HUB612 ? Vous me qualifiez d’utopiste si j’affirme qu’au HUB612 je suis parvenue à améliorer mon poste pour le faire correspondre à mes appétences ? Vous me traitez de bisounours si je vous dis que la personnalisation de mon emploi a été la clé pour y trouver une source d'engagement et de satisfaction ? Vous me jugez déplacé si j’avoue chaque jour avoir la chance d’exprimer mes forces et mes envies ? Vous seriez déstabilisé si je vous explique qu’en s’intéressant davantage aux talents qu’aux compétences, on atteint plus aisément les objectifs de l’entreprise ?
Au HUB612, notre objectif est simple : servir l’épanouissement, la réussite et le développement des entrepreneurs que nous avons choisi d’accompagner. Et pour ce faire, chaque jour depuis le lancement du HUB612, il y a 5 ans, nous “craftons” notre job. Sans même nous en rendre compte. Chacun, à sa matière, apporte des petites touches ici et là qui nous permettent de poursuivre cette même mission, par des actions différentes qui correspondent à nos personnalités, si différentes. Je reviens sur les origines du concept de job crafting et vous présente ensuite, concrètement, comment Cédric, Clément, Sylvain, Lina et moi-même « designons » chacun nos postes.
C’est en 2007, que les universitaires Amy Wrzesniewski, Justin Berg et Jand Dutton ont forgé le concept de job crafting le définissant comme « ce que les employés font pour façonner leur travail et qui génère satisfaction, résilience et épanouissement ». Depuis, et avec l’engouement autour des enjeux du Future Of Work, les recherches sur le sujet se sont multipliées : 800 rien que pour 2020, selon The Oxford Review of Economic Policy ! Toutes vantent les bienfaits de laisser les salariés « designer » leur job, tant pour eux-mêmes (développement de la créativité et du bien-être) que pour la boîte (réduction du turn-over et augmentation de la productivité).
L’une des dernières études, publiée en septembre 2020 dans la MIT Sloan Management Review, s’est penchée sur le job crafting durant la pandémie. Conclusion : 92% des salariés qui ont su inventer de nouvelles manières de faire, ou de nouvelles tâches, ont vu baisser leur niveau de stress tout en ressentant une meilleure collaboration et une satisfaction personnelle plus importante, tandis que les entreprises constatent un renforcement de la loyauté et une hausse de la productivité.
Il existe plusieurs façons de s’approprier son job. Cela peut passer par des petits aménagements de l'espace ou de l'ambiance ou par des transformations plus profondes. Les universitaires ont identifié 4 champs d'action possible :
C’est la première étape, la plus simple pour « designer » son job. Cela passe par exemple par Clément qui a pris l’habitude de mettre régulièrement de la musique en fin de journée au HUB612. Travailler en musique donne une autre atmosphère au coworking et engendre souvent des afterwork improvisés. Cela passe également par Lina, fan de décoration et de nature, qui change les meubles de place et s'entoure de plantes vertes. Moduler son environnement de travail fait également écho aux tendances Hyrid Work qui permettent à chacun, de travailler selon les missions de la journée, depuis le HUB612 ou depuis chez soi.
Il est ici question de faire évoluer sa mission initiale pour l’enrichir. A titre d’exemple, nous nous sommes abonnés aux modules de formation en ligne Germinal pendant plusieurs mois. Nous avons ainsi intégré de nouveaux outils de marketing digital ce qui a bien sûr élargi nos champs de compétences mais a surtout enrichi l’offre d’accompagnement que nous déployons auprès des entrepreneurs. Le site web du HUB612 a ainsi été refondu via l’outil no code Webflow. L’expertise acquise via cette expérience permet à Clément d’aider les entrepreneurs qui travaillent également en no code.
Nos jobs sont constamment enrichis par les relations nouvelles que nous nouons. Le nom HUB612 vient spécifiquement de cette idée de création de passerelles et de synergies entre les acteurs de l’écosystème entrepreneurial ; tel un HUB d’interconnexions. Nous identifions les startups prometteuses, nous rencontrons les dirigeants, nous leur faisons rencontrer les bonnes personnes, nous assistons aux recrutements. Parallèlement, nous multiplions les événements, les tables rondes et les mises en relation. Le mot réseau fait partie intégrante de l’ADN du HUB612 et explique la force de notre accompagnement et la racine de notre plénitude.
Crafter son job consiste également à mesurer l’impact de ses actions sur son propre épanouissement. C’est en évaluant notre degré de satisfaction que nous pourrons nous façonner un métier sur-mesure. Dis-moi ce qui est important pour toi, je te dirai comment moduler ton métier. De mon côté, j’accorde beaucoup de valeur au devenir des alternants que nous formons au HUB612. Leur apporter les clés pour leur avenir en les aidant à tisser un réseau de qualité et à provoquer les opportunités est à mes yeux une responsabilité. Je passe énormément de temps à faire des mises en relation, qui débouchent généralement sur de très belles synergies. La dernière en date est le recrutement d’Andréa, notre ancienne HUBergiste chez Mon Petit Placement, une FinTech que nous accompagnons. L’autre exemple est le plaisir que nous ressentons à utiliser nous-mêmes les solutions développées par les entrepreneurs du HUB612. Sylvain revient par exemple de New-York et s’est assuré avec Yupwego pour son voyage. Utiliser dans la sphère privée un produit que nous voyons se construire depuis des mois est une vraie fierté.
En fait, le point commun avec tous ces exemples est la création de valeur ajoutée partagée. La co-construction est la base pour qu’un levier de job crafting porte ses fruits. Il s’agit d’établir une cartographie aussi riche pour l’individu que pour l’organisation. Une certaine visibilité sur les talents et les combinaisons possibles est essentielle pour prendre les bonnes décisions.
Finalement, ce sont bien nos appétences (plaisir à communiquer, à fédérer, à transmettre, débrouillardise, originalité, créativité) qui ouvrent de nouvelles pistes, au-delà des de nos diplômes et de nos expériences. Et ces appétences, nous les avons trouvées en parlant de nos activités du week-end, de nos engagements associatifs ou encore nos loisirs. L'affirmation de ce que nous aimons ou n'aimons pas faire est la clé du job crafting.
Mais pour se sentir libre de les exprimer, il est clair qu’il doit régner un environnement bienveillant et un climat de confiance. Ce sont des prérequis indispensables pour favoriser le job crafting en entreprise. Il faut être en mesure de parler sans crainte de soi-même et de son travail en libérant la parole et la créativité de chacun. Pour garantir cette liberté et cette ouverture, nous commençons chaque point hebdomadaire du mardi matin par un tour de table de vie personnelle : chacun prend le temps de raconter son week end, son dernier voyage, son dernier concert, la dernière série Netflix, son tour chez Ikea, son apéro avec ses voisins etc. La convivialité permet d’ouvrir la discussion. Une fois le doigt mis sur ses envies, reste à les assumer. Ce qui n'est possible que dans des entreprises à l'écoute comme le HUB612.
A noter que ces actions sont souvent menées à l’initiative des salariés et même à l'insu du management. Le risque avec l’engouement actuel autour du Future Of Work serait de tenter de modéliser ce concept pour en faire une technique de management et alors prendre le risque d'en réduire le pouvoir d'innovation et de le limiter à quelques plages de flexibilité.