Cette dernière année, beaucoup d'entre nous ont expérimenté pour la première fois des pratiques de future of work. Aller au travail sans aller au bureau est désormais devenu une nouvelle normalité. Pourtant, le télétravail est déjà expérimenté par beaucoup depuis plus de 20 ans ! De façon plutôt discrète, la législation en vigueur a évolué au fil des années, jusqu'à des modifications importantes au mois d'avril 2021 en France. Retour sur ces évolutions qui façonnent notre cadre de travail.
Dès 2002, un accord cadre européen sur le télétravail a été établi par la Commission Européenne répondant ainsi à la volonté des partenaires sociaux d’établir des conditions cadre et des dispositions pratiques pour de permettre l’introduction du télétravail à grande échelle au sein de l’Union européenne.
Cet accord européen conclu le 16 Juillet 2002 est non contraignant, laissant à chaque état membre le choix de le transposer ou non dans sa législation et réglementation nationale. Il concilie à la fois les besoins de sécurité et de flexibilité des employeurs et des salariés (le caractère volontaire du télétravail, les conditions d’emploi des télétravailleurs, la protection des données, le domaine de la vie privée, .. )
L'accord cadre européen est alors repris en France en 2005 par l’accord national interprofessionnel (ANI) du 19 juillet. Cet accord a été le premier à encadrer au niveau national et interprofessionnel le recours et la mise en œuvre du télétravail sur le territoire.
Ainsi, l'ANI de 2005 organise la mise en place du télétravail en fixant les grands principes suivants:
Près de sept ans après l'ANI de 2005, l’Assemblée nationale a adopté le texte définitif de la proposition loi relative “à la simplification du droit et à l’allègement des démarches administratives” dite loi Warsmann. Dans cette loi, le télétravail entre dans le code du travail.
Cet événement n’apporte rien de plus que l’Accord national interprofessionnel (ANI) de 2005. Il donne toutefois force de loi à quelques notions fondamentales et réintègre dans le champ du télétravail quelques catégories de salariés exclues de l’AMI.
Plusieurs principes sont réaffirmés:
En 2017, les ordonnances Macron ont réformé le code du travail notamment en assouplissant le régime juridique du télétravail dans un objectif de développer le recours à ce mode d’organisation du travail.
Ces ordonnances Macron viennent favoriser le recours au télétravail et distinguent le télétravail "régulier" du télétravail "occasionnel".
L'ordonnance redéfini le télétravail comme "toute forme d'organisation du travail dans laquelle un travail qui aurait également pu être exécuté dans les locaux de l'employeur est effectué par un salarié hors de ces locaux de façon volontaire en utilisant les technologies de l'information et de la communication".
Auparavant, l’employeur et le salarié pouvait convenir du télétravail cependant les conditions étaient restrictives. Le télétravail devait être prévu dans le contrat de travail ou dans un avenant au contrat ultérieur.
Les ordonnances Macron assouplissent le recours au télétravail au sein de l’entreprise. Il peut être convenu par accord collectif. Le salarié et l’employeur peuvent même convenir du télétravail par un simple accord, comme un échange de e-mail. Ainsi, tout salarié peut le solliciter. Il appartient à l’employeur qui le refuse de motiver sa réponse. Il n’est pas pour autant un droit, le recours est simplement facilité.
Par ailleurs, ces ordonnances sécurisent le télétravail en admettant que l’accident survenu en télétravail et pendant les plages horaires prévues par le télétravail est présumé être un accident du travail.
Fin 2020, suivant le début de la crise sanitaire et les apprentissages des entreprises vis à vis du télétravail, un nouveau texte clarifie l'ANI du 19 Juillet 2005. Ce texte encadre le télétravail régulier, en remplaçant les articles 2 et 3 relatifs à la mise en place du télétravail et la réversibilité, par 5 nouveaux articles : le double volontariat, la forme de l’accord, le refus du télétravail, la période d’adaptation et la réversibilité.
Cet accord n’a toutefois pas vocation à créer des droits nouveaux. Son rôle est avant tout d' expliciter l’environnement juridique applicable au télétravail et proposer aux acteurs sociaux dans l’entreprise, et dans les branches professionnelles, un outil d’aide au dialogue social, et un appui à la négociation.
Les points marquants à noter sont: